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Quetigny Environnement

Qualité de l’air à Dijon : attention intox

6 Février 2015, 00:02am

Publié par Quetigny Environnement

Dijon championne dans la lutte contre les particules fines ? Pas tout à fait…

Bonne nouvelle ! L’air à Dijon semble plus respirable qu’ailleurs. La preuve, une étude sur la pollution aux particules fines, menée par l’Institut de veille sanitaire, l’indique, début janvier. Par quelle prouesse la capitale régionale est-elle arrivée à être meilleure que tout le monde ? « La politique à long terme que nous menons depuis 2001 porte ses fruits » balance fièrement le vice-président de l’agglomération, Jean-Patrick Masson (Bien public 8/1).

Sauf que cette étude n’est pas complète… Les données d’un seul capteur, celui basé aux Péjoces, ont été utilisées. Les deux autres appareils calibrés pour mesurer les particules fines PM10, installés à Daix et boulevard de la Trémouille, fournissaient des données fragmentaires sur la période 2007-2010. Résultat : ils n’ont pas été utilisés. « Cela aurait changé le résultat » assure Sandrine Monteiro, la directrice d’Atmosf’air, l’association en charge de surveiller l’air dijonnais. »La moyenne aurait été plus haute que 20″ selon elle. C’est-à-dire que Dijon dépasserait la norme de l’OMS. En effectuant une moyenne lissée sur 2007 et 2010, des spécialistes de la qualité de l’air estiment que le taux de particules fines se situerait entre 23 et 26. Ainsi, Dijon se retrouve au même niveau que Bordeaux, Rennes, Toulouse, Montpellier, Le Havre… un effet de la politique à long terme sans doute !

La ville a changé depuis 2010…

Depuis 2010, année qui achève cette étude, de nombreux éléments ont changé pour la qualité de l’air à Dijon. Le tramway notamment, mais aussi la Lino. La pollution de l’air a quitté une partie du centre-ville, pour se retrouver désormais sur la rocade. De plus, des chaufferies au charbon et au gaz ont été fermées ou modernisées. Des chaufferies biomasses viennent progressivement compléter le dispositif : « On ne peut pas encore se prononcer, précise prudemment Atmosf’air mais logiquement l’impact devrait diminuer ».

Une baisse qui ne devrait pas concerner les habitants riverains de ces nouvelles usines à chaleur. Dans le quartier Valendon par exemple, au pied de la montagne Sainte-Anne, une chaufferie biomasse se construit, à la place de l’arboretum municipal. Elle devrait rentrer en service durant le printemps. La pollution due au chauffage urbain baissera de 80 %, mais le quartier de la montagne Sainte-Anne gagnera plus de 3 200 tonnes de CO2 par an. Aujourd’hui, déjà, deux grandes cheminées, de 32 mètres de hauteur, coupent le paysage. Problème : à moins de 600 mètres, les fenêtres des maisons construites sur la colline, s’ouvrent à la hauteur des embouchures de cheminée.

« Aucune incidence » pour Jean-Patrick Masson. Pour lui, la gêne serait surtout visuelle… Le concepteur de l’usine décrit le phénomène de purification : « Après 400 mètres, la pollution se dilue dans l’air. » Heureusement, dans le pavé constituant la déclaration de travaux, le secteur pavillonnaire de la montagne Sainte-Anne n’existe pas. À la place sont mentionnés des jardins familiaux. « C’est le cadre réglementaire qui fixe un périmètre. Peut-être qu’un périmètre plus large pouvait être prévu par le préfet » s’excuse Jean-Patrick Masson. Et ce n’est pas Atmosf’air qui contrariera le vice-président du Grand Dijon, puisqu’il préside également cette association. Quand les particules sont fines, le monde reste petit.

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